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Retour sur | 04 Avr. 2022

Une nouvelle décennie s’ouvre…

Cette année, c’est l’anniversaire de SINGA : nous avons officiellement 10 ans. Une occasion de vous remercier pour le soutien incroyable que vous avez offert à cette organisation, à ses équipes et sa mission !

Je n’ai pas le temps d’écrire l’article dont j’ai rêvé pour faire le bilan et dresser des perspectives car nous sommes sur le pont, une fois n’est pas coutume, pour réagir à la situation en Ukraine.

En 10 ans, SINGA est devenue une organisation internationale, présente dans 7 pays avec une centaine de salariés et des dizaines de milliers de membres. C’est un écosystème qui rassemble des entrepreneurs, des citoyens, des entreprises et des acteurs publics pour réinventer l’intégration des réfugiés et des migrants. Je voudrais vous raconter comment tout a commencé…

De nouvelles frontières en tête

En 2011, je rentrais d’Australie et Nathanael Molle revenait du Maroc. Nous avions tous les deux travaillés, pendant 1 an, à l’aide juridique aux personnes réfugiées. Nous avions été
frappés par le nombre d’entrepreneurs, parmi les nouveaux arrivants, et par l’absence de liens avec les populations locales dans les deux pays.

Entre 2005 et 2010, nous avions étudié le commerce international, le droit international et la sécurité internationale. Nous comprenions parfaitement les événements, les dynamiques et les personnes responsables de l’ordre du monde et pourquoi les discours publics cherchaient à renforcer la distance entre les groupes de nationalités différentes.

Cependant, nous avions aussi grandi avec Internet qui nous avait donné accès à des communautés d’intérêt dans le monde entier. Au quotidien, notre identité évoluait au fil des échanges interculturels et notre sentiment d’appartenance s’étendait au-delà des frontières.
D’autant plus que nous avions eu la chance de vivre et de travailler dans des dizaines de pays.

Enfin, nous ressentions un destin commun à l’ensemble de l’humanité qui subit le même changement climatique. En Australie, j’écrivais mon mémoire sur le droit de l’environnement inspiré par les peuples autochtones et, à partir de 2013, je publiais une série d’article sur les migrations liées à l’environnement et les réfugiés climatiques.

Guillaume Capelle & Nathanael Molle, Rabat 2011

Une culture de l’interaction

C’est avec cette matrice, des liens transnationaux et des limites planétaires, que nous avons lancé SINGA. Il ne s’agissait pas d’être une “association d’aide aux réfugiés” mais une communauté mondiale d’hommes et de femmes, citoyens du monde qui s’entre-aident et co-créent l’avenir.

Nous avons usé des nouveaux pouvoirs, expression chère à Alice Barbe qui nous a rejoint en 2013, pour mobiliser et nous associer à des collectifs issus de l’entrepreneuriat, de la Tech, de la santé, du sport, de la mode, des jeux vidéos et bien d’autres. Notre approche pair-à-pair a favorisé l’extension du champ des conversations.

A travers des milliers d’événements, sur 3 continents, nous avons proposé à nos membres d’écouter de la musique, de créer des solutions numériques, de jouer au football, de cuisiner, de jouer aux cartes ou même de s’apprendre des langues. En 2015, nous avons notamment inventé CALM : une plateforme d’accueil des réfugiés chez l’habitant.

Puis, nous avons diffusé cette culture dans des conférences, des médias et nos programmes. Bientôt, nous avons vu apparaître des projets dans la restauration, dans le sport, dans l’éducation, dans le logement partout en Europe. Un écosystème a émergé dans lequel les immigrés pouvaient plus facilement révéler leur potentiel, des personnes locales se sentir utiles, apprendre et innover.

Une machine à inventions

SINGA est le premier réseau d’incubateurs en Europe pour les entrepreneurs immigrés et réfugiés. Depuis 2016, nous avons accompagné +1000 entrepreneurs à Paris, Lyon, Nantes, Lille, Barcelone, Stuttgart, Berlin, Genève et Zurich. Bientôt à Strasbourg, Rome et Marseille.

Nous soutenons également les entrepreneurs qui visent un impact positif sur la mobilité internationale et l’inclusion. Ils améliorent l’accès au logement, à l’éducation, à la santé, à l’emploi et tous les communs de la société.

Tous ces entrepreneurs, dont 50% sont des femmes, créent des entreprises, des associations, des emplois et de la cohésion sociale. Pour de nombreux réfugiés et immigrés,
l’entrepreneuriat est aussi une manière de contourner le déclassement social et professionnel. De montrer qui ils sont réellement.

Aux Etats-Unis, 55% des licornes (entreprises valorisées à plus d’1 milliard de dollars) comptent au moins 1 associé immigré. Les entrepreneurs immigrés et réfugiés sont également une chance pour les économies européennes. Ils contribuent significativement aux finances
publiques, à l’emploi et à l’innovation dans les pays où ils s’installent. Ils repoussent les frontières de nos connaissances.

La grande évasion

Aujourd’hui, le 3-3-22, 1 million de réfugiés ukrainiens rejoignent 1% de l’humanité pour échapper à la guerre, aux persécutions, aux catastrophes naturelles et autres conséquences désastreuses de l’exploitation de notre Terre. Migrer est une solution pour vivre libres.

J’ai toujours eu le sentiment que SINGA était l’endroit idéal pour préparer une grande évasion, loin d’une économie qui nous conduit à +4 degrés et des violences liées aux
différences de peaux, de croyances, d’origines, d’appartenance à un groupe ou d’opinions politiques ; une plateforme pour inventer des arts de vivre transculturels, adaptés à notre époque.

Les crises financière de 2008, humanitaire de 2015, sanitaire de 2020 et celle qui a débuté il y a quelques jours révèlent qu’une grande résilience va être nécessaire pendant les années qui viennent.

Une décennie se ferme, une autre s’ouvre : vous pouvez compter sur SINGA pour contribuer à des innovations culturelles de rupture dans de nouveaux pays et de nouveaux secteurs, comme la finance par exemple. Nous comptons d’ores et déjà ce qu’il y a de plus précieux au
monde : des liens, des histoires, des idées, des leaders, des méthodes et l’envie d’avancer ensemble.

Guillaume CAPELLE
Co-fondateur de SINGA