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Apprentissage | 29 Juin 2022

SINGA à la Convention des Entreprises pour le Climat : dernière ligne droite… place à l’action !

Depuis septembre 2021, SINGA fait partie des 150 organisations engagées dans l’aventure CEC, à suivre un parcours «apprenant-agissant» de 12 jours sur 8 mois pour comprendre les mécanismes du climat et de la biodiversité, et définir la feuille de route de redirection écologique de son organisation. À l’heure de la 6ème et dernière session de ce parcours, rencontre avec Guillaume Capelle et David Robert…

Guillaume Capelle, co-fondateur de SINGA

J’ai la joie de participer, avec mon compère David Robert, à la Convention des entreprises pour le climat. C’est l’une des initiatives les plus ébouriffantes et importantes que j’ai eu le privilège de vivre ces dix dernières années. Le sujet, l’organisation impressionnante, le moment historique et la qualité des participants en font le berceau idéal d’une métamorphose de l’économie française.

La Convention rassemble «150 dirigeantes et dirigeants pendant 11 mois pour aligner le monde de l’entreprise en France avec l’accord de Paris pour le climat». Un programme intense de conférences, d’ateliers et de moments d’échanges pour prendre conscience de la situation, de sa complexité et de notre rôle ; un travail de mise en oeuvre, en échange constant avec nos pairs et des coachs brillants, de la transformation de nos organisations.

Inspirée par la Convention citoyenne pour le climat, elle est l’oeuvre d’un groupe de bénévoles, issus (et parfois repentis) de l’entrepreneuriat et des grandes entreprises, à l’image de son fondateur, Eric Duverger, cadre chez Michelin.

En quelques mois seulement, ils sont parvenus à créer une communauté de dirigeants activistes du climat et un mouvement qui a d’ores et déjà touché les sphères financières, politiques et médiatiques.

Quand je pense que j’ai failli la rater… En effet, lorsque l’équipe de la CEC m’a confirmé que nous étions sélectionnés, j’ai hésité. Je me disais que je connaissais d’ores et déjà le sujet car je l’avais étudié à l’université et je me sentais un citoyen engagé. Que pouvais-je faire de plus ? J’avais également peur que 12 jours complets soient impossibles à caler dans un calendrier professionnel surchargé.

Avec le recul, je me rends compte que je n’avais pas compris ma chance. Je n’avais pas deviné que je serais bouleversé dès les premières prises de parole de Jean- Pierre Goux et Valérie Masson-Delmotte. Depuis 10 mois, les experts se succèdent pour nous expliquer, sans concession, la complexité de la situation et son urgence. J’ai également fait la rencontre de dirigeants extraordinaires (clin d’oeil aux Geais, notre groupe), de toute la France, à la tête d’entreprises de tailles différentes et de secteurs variés.

Je n’avais pas attendu la CEC pour m’intéresser au climat. A bien des égards, je pense que l’existence même de SINGA est liée à la protection de l’environnement. En effet, le respect des limites planétaires change la perception du risque et de la valeur. La menace n’est pas étrangère, elle relève de nos comportements destructeurs : transports, alimentation, hébergement à forte consommation carbonne. A l’inverse, la richesse se trouve dans l’interaction avec les personnes en mouvement. Les compétences nécessaires pour demain sont l’adaptation, la solidarité et la créativité. Autant de qualités dont font preuve les personnes réfugiées et les humains qui les accueillent.

Alors que nous approchons de la fin du programme, je mesure le chemin parcouru personnellement, avec SINGA et en tant que collectif d’entreprises. J’ai changé mes habitudes. Nous avons commencé à former, avec David, les équipes qui elles-mêmes vont former les entrepreneur·e·s dans les incubateurs, avec une trame et une philosophie nouvelles. Une nouvelle raison d’être, intégrant la dimension régénérative de nos activités commerciales, est en train d’émerger. Et nous participons aussi à définir le rôle des associations dans cet écosystème, car nous sommes seulement deux associations parmi 150 entreprises au sein de la CEC, pour définir l’économie de demain.

David Robert, Directeur Général de SINGA France

Quand Guillaume m’a confirmé notre participation, j’étais à peu près dans les mêmes dispositions d’esprit. Et la tempête sous un crâne a été comparable. Nous avons vécu une profonde remise en question de notre façon de penser le rapport à l’économie, nos business-models, notre présence même au sein de la société.

Concrètement, qu’est-ce que ça change ? La plupart des entrepreneurs que nous accompagnons sont déjà sensibilisés à la question écologique, plus que la moyenne, car les conflits qui les ont poussés à quitter leur pays, souvent, ont trouvé racine dans les déséquilibres climatiques (sécheresse, exode rural, etc.). Néanmoins, les outils pour repenser la façon de monter une entreprise dans une perspective durable ne sont ni faciles d’accès, ni intuitifs, dans un monde très financiarisé où le succès d’une startup se mesure à la hauteur de ses levées de fonds bien plus qu’à sa dimension régénérative (capacité à réparer et créer du vivant plutôt qu’à conditionner sa croissance à l’extraction et la consommation de nouvelles ressources). Le défi est donc d’utiliser les méthodologies passionnantes que nous avons apprises, auprès des 150 entreprises partenaires, pour modifier nos principes d’accompagnement à l’aune d’enjeux qu’il est bien trop tard pour ignorer. Ce changement, radical pour des grands groupes (dont des activités extractives devront, par définition, cesser, quel qu’en soit le coût exorbitant), ne l’est pas moins dès la conception d’un projet, d’une entreprise, d’une association.

Comment créer un business-model régénératif ? Comment aider nos grands partenaires à opérer une redirection écologique, autant que les entrepreneurs accompagnés à penser leur développement en fonction, au minimum, d’une neutralité carbone totale, aujourd’hui encore hypothétique dans 99% des activités économiques développées ? C’est l’immense défi que nous relevons. Via nos incubateurs, qui constituent une petite partie de l’économie de demain, nous avons ce désir et cette responsabilité.

Dès cette année, les accompagnateurs, coachs, mentors, seront formés sur les questions de redirection écologique, pour pouvoir envisager, à l’horizon 2030, de voir sortir des incubateurs SINGA, des milliers de projets, tous régénératifs. De la même façon, nos partenaires bénéficieront aussi de ce transfert de méthodes, pour que tout l’écosystème entrepreneurial en France, dans la décennie qui vient, ait un maximum d’atouts pour opérer cette transformation.

Enfin, Guillaume et moi n’avons pas été que récipiendaires de cette formidable formation professionnelle sur les enjeux économiques du dérèglement climatique. Nous avons aussi contribué, en monopolisant toute l’expertise interculturelle, politique et sociale de SINGA, à clarifier, étayer et enrichir le lien entre migration et dérèglement climatique, auprès de toutes les entreprises engagées. Parce que la migration a déjà pour source des conflits, des catastrophes, éminemment corrélés au climat et à son dérèglement. Parce que les estimations du nombre de réfugiés climatiques à l’horizon 2050 rendent la nécessité de faire de l’accueil une richesse toujours plus pertinente et urgente ; Parce que la résilience propre aux exilés est une voie vers la sobriété, essentielle pour survivre, autant qu’une capacité d’adaptation supplémentaire à apprendre et transmettre, plus les seuils critiques continueront d’être dépassés.