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Apprentissage | 19 Juin 2019

Nous sommes tous des migrants, dans une société de mobilité

Un jour, j’expliquais à une amie américaine tout ce que nous faisons chez SINGA pour rendre possible l’inclusion des personnes réfugiées dans la société. « Je veux bien moi aussi qu’on me mette en contact avec les Français. » a-t-elle réagi avec enthousiasme et une pointe de regret : « Cela fait maintenant neuf ans que j’habite en France, mais j’ai quasiment zéro ami français. » Elle travaille dans une grande société internationale, où elle est entourée par des personnes venues des quatre coins du monde. Ses collègues français ont déjà leurs amis, avec qui ils ont noué des liens d’amitié depuis la jeunesse ou même depuis l’enfance. Ils ont aussi leurs familles ici à Paris ou alors quelque part en France. Après le travail, comme tous les Français, ils coupent les ponts avec le monde professionnel en se précipitant retrouver leurs amis ou leurs familles. C’est la même chose quant aux week-ends ou pendant les vacances.

Mais elle, elle habite à Paris. Loin de sa famille et ses camarades de l’Université de Virginie, elle passe ses afterworks et ses weekends, soit dans son appartement, soit avec des amis chinois, marocains, australiens, hollandais, etc.

« Ma chère Jennifer ! Toi aussi, tu es une exilée » lui ai-je répondu.

Mon colocataire, Nicolas, est un Bordelais, un peu timide, installé à Paris depuis quatre ans. Trentenaire, il n’a pas réussi à se faire des amis dans sa vie parisienne. Pour changer d’air, il « descend dans le sud » voir ses amis et sa famille. Lui aussi m’a fait remarquer plusieurs fois qu’il aimerait bien être incubé dans un organisme comme SINGA, pourquoi pas dans un incubateur qui soutiendrait des « provinciaux » qui débarquent sur Paris, afin de pouvoir développer son projet de boutique de cigarette électronique. Il ne connaît personne dans l’écosystème entrepreneurial parisien. Or, sans avoir des appuis de son entourage, ce qu’on appelle le capital social, il est impossible de se lancer dans une aventure pareille.

Avec Jennifer et Nicolas, nous sommes tous d’accord : nous sommes tous plus ou moins des « migrants ». Et peu importe la raison pour laquelle nous décidons de migrer, en fin compte, nous nous retrouvons tous dans la même situation : potentiellement exclus de la société d’accueil.

Rooh Savar روح‌سـوار
Entrepreneur et journaliste - Président @SINGA, CEO @Jahan Info, @Thinkestan @Lettres Persanes