Rencontre avec Rooh Savar, Président de SINGA, qui nous partage sa vision de SINGA et le changement systémique auquel nous aspirons.
« SINGA a pour ambition de changer la place du nouvel arrivant dans la chaîne de création de valeur des sociétés grâce à nos incubateurs et d’autres programmes d’empowerment des personnes réfugiées.
Nous croyons profondément que le parcours de migration place la personne dans une circonstance particulière capable de faire un pas de côté. Cela lui permet de regarder, de penser et d’agir différemment. Selon Thanh Nghiem, ce “pas de côté” est le moteur de l’innovation et un élément omniprésent dans le parcours d’un nouvel arrivant. Or, ces “pas de côté”, les personnes exilées et émigrées en font de très, très nombreux. J’aime plaisanter en rajoutant régulièrement : pour sauter le mur, pour le contourner, pour faire les 100 pas dans les salles d’attente, partout, dans les administrations. Elles sont fortes, en “pas de côté” !
Ainsi, une personne immigrée possèderait une prédisposition à résoudre les problèmes de nos sociétés, il conviendrait d’exalter, de mettre en valeur cette intuition. C’est précisément cette innovation issue des migrations (migration-led-innovation) qui est notre raison d’être. C’est pourquoi nous nous engageons pleinement aux côtés de nos innovateurs venus des quatre coins du monde. Leurs réussites sont les nôtres et c’est la mesure d’impact la plus tangible voire la plus importante de SINGA.
Nous mobilisons les individus qui veulent s’associer avec nos entrepreneurs, donnons des moyens de participation aux mentors, aux coaches, aux investisseurs ou tout simplement aux personnes qui sont volontaires pour donner un coup de main.
SINGA est une plateforme qui active les projets et les citoyens grâce aux méthodes participatives et au “nouveau pouvoir” cher à Jeremy Heimans.
SINGA est au cœur d’un écosystème riche de nombreux soutiens. Dans les années qui viennent, nous pouvons et devons encore multiplier notre impact en renforçant notamment nos partenariats et en donnant naissance à de nouvelles initiatives. C’est d’ailleurs dans ce sens que nous avons organisé le 1er avril 2022 une audition exclusive des candidats à l’élection présidentielle française sur la thématique des migrations, avec près de 20 organisations engagées en faveur de l’inclusion. La durabilité de nos actions et de leur impact repose sur la force de cet écosystème.
Depuis 10 ans, SINGA joue un rôle significatif dans l’émergence de cet écosystème. Aujourd’hui, nous allons tout faire pour voir encore plus loin et plus grand. Nous devons maximiser nos impacts en nous appuyant sur des acteurs plus puissants et plus influents que nous : nous devons mobiliser les entreprises, les administrations et les organisations sociales désireuses de devenir encore plus inclusives. Nous savons que la demande existe, nous pouvons et devons l’accompagner. Plus de 50 de ces acteurs ont ainsi signé la charte de l’inclusion proposée par SINGA et UTOPIES qui les engage à considérer l’inclusion des personnes immigrées et réfugiées dans leurs activités.
La participation des personnes locales dans les démarches de soutien et d’accompagnement de nos entrepreneurs est un atout. Notre rôle est de faciliter cette implication.
Si nous ne sommes pas en mesure d’apporter des solutions à toutes les problématiques liées aux migrations, nous pouvons accompagner les leaders et les entrepreneurs qui s’y engagent. C’est une immense fierté que de voir tant de femmes et d’hommes nouvellement arrivé.e.s en France s’épanouir dans l’exercice de leurs talents, par exemple culinaires, avec Meet My Mama ou Refugee Food Festival. Nous pouvons également nous réjouir du nombre de personnes réfugiées ayant obtenu la reconnaissance officielle de leurs diplômes universitaires grâce à U-nir ou encore du nombre de personnes qui ont développé leurs compétences numériques grâce à Konexio et à Simplon !
SINGA Museum, une activité portée par les bénévoles de notre communauté parisienne, est aujourd’hui devenue Sama for All, une activité à part entière. Nous avons accompagné de nombreux projets innovants en lien avec l’apprentissage des langues comme Abajad, Causons, Frello ou encore Natakalm. Meet My Mama, refugees Food festival. Ces structures, auxquelles on peut ajouter Gribouilli ou Kaoukab, ont déjà employé des centaines de personnes émigrées en leur donnant des outils d’empowerment.
Tous ces acteurs ont gagné en reconnaissance dans leurs domaines respectifs et s’appuient sur des communautés engagées réunissant des locaux et des nouveaux arrivants autour de leurs centres d’intérêts variés. Ces acteurs et ces communautés ont de nombreux points communs avec SINGA, et c’est en cela que SINGA peut jouer le rôle de métacommunauté. Une métacommunauté qui agrège une grande variété de personnes et de structures, qui les accompagne et qui collabore même avec elles.
Vous aurez remarqué que ces deux termes, écosystème et métacommunauté, sont empruntés au champ de l’écologie. Ils évoquent tous deux un espace commun où chacun exerce ses singularités, pourtant interdépendantes. Un ensemble de communautés locales liées par plusieurs acteurs en interaction. Une définition dans laquelle nous espérons nous reconnaître encore quelques précieuses années, pour accompagner nos sociétés vers davantage d’inclusion. »