Si le Coronavirus a propulsé La Peste en tête des titres les plus lus du moment, les deux fléaux sont loin d’être comparables. En écrivant La Peste, Camus pensait à la guerre, aux nazis, aux résistants, aux collabos. Ses portraits révèlent la force inhérente en chacun de nous, et nous invite à nous secouer pour sortir de la résignation.
Alors que dans les siècles derniers, la peste tuait 60 à 80% des pestiférés, le Corona tuera en toute vraisemblance entre 0,2% et 7% des personnes contaminées. À ce jour, on serait 3% en France à avoir été touchés — et guéris. Mais le virus a contaminé tous les esprits.
Ce qui est nouveau avec le Corona, c’est la vitesse à laquelle il a tout mis par terre, en utilisant les bases mêmes de notre société dite “moderne”. Dans une civilisation battue par les vents et la mondialisation, “le virus se répand comme le touriste, le container, les fake news, le globish et les idées. Il est comme le Twitt : toxique et rapide”.
Le confinement nous réduit à un “long maintenant”, seuls avec nous-mêmes et nos proches. Ironiquement, le Corona fait de nous des réfugiés en creux : le “migrant” c’est celui qui n’a pas obtenu le visa qui permet de se déplacer librement. Par la faute du Corona, nous voilà tous “réfugiés” — interdits de mouvement dans un monde en flux perpétuel.
Un abîme se creuse entre ceux qui doivent aller au front, ceux qui n’ont pas de chez eux et la vaste majorité d’entre nous qui paniquons à l’idée de devoir “survivre” au confinement… à 3 dans 96 m2 — c’est la moyenne nationale !”, nous disputant à propos des tâches domestiques et du programme télé.
Réfugiés dans nos habitats, nous fuyons le voisin, les joggers suintants et les flics. Tandis que des zombies emballés arpentent les linéaires des magasins pour faire face au spectre ridicule d’une pénurie de pâtes et de P cul, nous laissons nos livraisons en quarantaine sur le palier. À quand le tour de nos chiens et chats ?
La distanciation sociale ne permet plus de distanciation de l’esprit. Rivés à nos écrans, nous sommes enterrés vivants sous les gravats de l’infobésité, des opinions, des avis d’experts qui pululent sur les plateaux télé. Précipitation, discours de guerre, injonctions confuses… Inoculée 24h sur 24, la seule chose qui devienne réelle, c’est la peur.
Depuis 2015, l’Europe se barricade face aux réfugiés. Alors que les demandes d’asile ne dépassent pas à 1 à 2% des populations, le fantasme de hordes assiegeant nos frontières se répand. Mais ce drame humain ne se résoudra pas tant que l’on ne soignera pas le mal à sa source.
Allons-nous suivre la même logique face au Corona ? Tout aussi ridicule ! Comment nous barricader contre un ennemi invisible qui entrera un jour ou l’autre en nous ? Pour que cette pandémie s’arrête, 60 à 70% d’entre nous devront choper le virus et guérir. Tout ce qu’on peut espérer, c’est que le vaccin miracle arrive entre 12 et 18 mois.
Alors quoi ? Est-ce qu’on va passer tous ces mois vautrés en pyjama sur nos divans à observer le monde comme une menace depuis nos écrans, pour ne sortir qu’en tenue de cosmonaute en quête de produits aussi “essentiels” que du sucre et du P cul ?
Pour moi qui suis l’aventure depuis quelques années, SINGA est une formidable aventure humaine qui transforme le monde par l’intérieur, dans la lignée de Camus. Ce que j’ai vu chez SINGA, c’est une cohorte de milléniums engagés, visionnaires, particulièrement agiles, technophiles mais aussi pros du terrain, mus par des valeurs de solidarité et d’égalité, une profonde révolte contre l’injustice, le tout porté par un cœur gros comme ça. Pionniers de la génération 2050, ils ont su mobiliser les outils numériques et les techniques sociales du XXIè siècle au service d’une cause parmi les moins glamour de l’avant-Corona : les migrants, que les médias nous présentent comme des types crasseux et incultes qui viendraient croûter sur nos impôts.
Chez SINGA, ils ont misé sur l’ouverture, l’entraide, la communauté, pour faire jaillir ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous. Et ça carbure, comme le montre par exemple l’expansion rapide des pratiques de SINGA dans de nombreuses villes d’Europe.
Loin de remettre en cause leur action, le Corona ouvre des horizons nouveaux à humaniser.
Leur “code-source” : multiplier les Buddies et les relations d’échange, pour changer le regard que nous portons sur les migrants, et ce faisant, pouvoir se regarder soi-même différemment. Créer du lien au sein des communautés locales. Inventer des espaces permettant d’aller à la rencontre de l’autre. Tirer le meilleur des technologies. Impliquer les plus puissants, à travers des partenariats permettant de passer à l’échelle.
Enfin la SINGA touch : le talent d’une jeunesse qui n’a pas froid aux yeux, un charisme spontané qui donne envie d’entrer dans la ronde. Un concentré d’être, qui n’est ni héroïque, ni égocentré, et surtout pas donneur de leçons. Un altruisme anonyme, joyeux, qui s’exerce de pair à pair. Il faut voir l’étincelle qui brille dans les yeux de ceux qui ont croisé SINGA pour comprendre cette magie. De Barack Obama au Dalaï-Lama, des plus fortunés aux plus humbles, la reconnaissance du “code-source” SINGA est contagieuse. Il agit de proche en proche, comme un gentil virus. Un anti-Corona ?