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Retour sur | 16 Nov. 2022

COP 27 : rencontre avec Fatemeh Jailani, COO de SINGA Global et ambassadrice du pacte pour le climat européen

En septembre 2021, Fatemeh Jailani a rejoint SINGA Global, au poste de Directrice des Opérations. Cette spécialiste du plaidoyer et des affaires publiques est aujourd’hui ambassadrice du pacte pour le climat européen. À l’heure de la COP 27, et dans un contexte où les migrations s’intensifient au regard notamment du changement climatique, zoom sur son engagement, et sur les ambitions et actions de SINGA en réponse au dérèglement climatique…

Fatemeh Jailani a commencé sa carrière chez Mazars où pendant 7 ans, elle a développé et dirigé le département des Affaires européennes. En 2020, elle a développé et lancé Accidental European (AE) : une plateforme média pour rendre les thèmes de la politique européenne accessible au plus grand nombre. Née aux Etats Unis de parents réfugiés afghans, elle a une expérience personnelle des questions liées à la migration et à l’inclusion.

Bonjour Fatemeh, tu es ambassadrice du pacte pour le climat européen… Peux-tu nous dire depuis combien de temps, et comment est-ce que tu es devenue ambassadrice ?

Je suis ambassadrice du Pacte européen pour le climat depuis presque deux ans maintenant, et j’ai accepté cet engagement parce que je pense qu’en tant que citoyens, nous avons tous une responsabilité envers l’environnement, et que nous devons ancrer notre motivation et notre engagement dans nos interactions avec la société. 

Cela va au-delà de notre vie personnelle, nous pouvons également montrer l’exemple dans notre vie professionnelle. Nous pouvons tous être des leaders sur ce sujet, que ce soit à la maison, au travail ou ailleurs. De plus, étant passionnée de politiques publiques européennes depuis de nombreuses années, je pense que le “Green Deal” européen est une initiative qui pourrait vraiment servir d’exemple, mais l’engagement des citoyens et leur remise en question perpétuelle de cette politique sont nécessaires pour qu’il reste à la hauteur et réponde aux véritables défis de notre climat. 

Qu’est-ce que ce titre signifie pour toi, personnellement ?

Je pense que ce titre signifie que je dois constamment travailler pour sensibiliser les gens à ce sujet en mettant en lumière les points morts. Qu’est-ce que je veux dire ? Lorsque j’ai lancé le média Accidental European, j’ai senti que j’avais la responsabilité de partager avec les gens les politiques qui façonnent notre réponse au changement climatique d’une manière qu’ils puissent comprendre. 

En effet, comment pouvons-nous demander aux citoyens de s’engager si nous ne faisons pas d’efforts pour les impliquer dans les politiques qui façonnent leur monde ? Je voulais non seulement enlever le jargon technique des politiques publiques et les rendre plus tangibles et humaines pour eux, mais aussi faire remonter les meilleures pratiques des experts venant des ONG, de la société civile, des entreprises, de partout… ! 

Nous avons tous des expériences qui méritent d’être partagées, et les politiques publiques de demain, si elles veulent rester pertinentes, doivent prendre en compte tous les dénominateurs, communs et non communs. Chacun a une voix, chacun a une expérience. Nous vivons tous dans le même monde. Nous en voyons juste des angles différents. 

Et qu’est-ce que ça signifie pour toi, en tant que COO de SINGA Global ? 

En tant que COO de SINGA Global, j’ai l’impression de devoir éclairer, avec le soutien de notre CEO et des autres dirigeants de cette organisation, les liens entre la migration et le changement climatique (1,2 milliard de personnes pourraient être déplacées dans le monde d’ici 2050 en raison du changement climatique), et la façon dont les nouveaux arrivants peuvent également apporter leurs idées pour lutter contre le changement climatique. Penser à la création d’un jardin éolien à Madrid, qui s’inspire des tours à vent du Moyen-Orient, de l’Iran… Ou ma mère qui a émigré d’Afghanistan et qui participait déjà à l’économie circulaire dès les années 80 parce qu’elle a vécu la guerre et l’exil, et que l’abondance n’était pas toujours une option pour elle… À vrai dire, dans ma famille on dit avec le sourire que ma mère était une hipster avant tout le monde !! Que se serait-il passé si nous lui avions permis de partager ses idées et son expérience avec la société qui l’a accueillie, au lieu de la limiter avec des préjugés ? 

L’objectif de SINGA est de travailler avec tous les acteurs : société civile, institutions publiques, acteurs privés, gouvernements locaux, nationaux et institutions supranationales, et nos pairs pour repousser les limites de notre imagination et illustrer que la migration peut être un moteur de changement, et pas seulement une conséquence inattendue et incontrôlée du changement climatique. (Même si ce n’est pas si “inattendu” étant données les projections établies depuis un moment…) 

Nous sommes aujourd’hui en contact avec la Banque mondiale, l’OIM, l’OCDE, les institutions européennes, et les entreprises qui nous soutiennent pour mieux explorer et alimenter les discussions en cours, et concevoir ensemble de meilleures réponses. Nous devons agir dans un plus grand écosystème si nous voulons être efficaces dans cette lutte mondiale. 

SINGA fait également partie de la convention des entreprises pour le climat (CEC). Peux-tu nous partager les ambitions de SINGA en matière de climat dans les années à venir ? 

Notre fondateur Guillaume Capelle et notre directeur général de SINGA France, David Robert, étaient déjà engagés avec la CEC lorsque je suis arrivée. C’était motivant de savoir que je rejoignais une organisation qui travaillait avec 150 dirigeantes et dirigeants de toutes régions et de tous secteurs pour aligner le monde de l’entreprise en France avec l’Accord de Paris sur le climat.

Leur travail a été consolidé dans un rapport final, et plus particulièrement dans une feuille de route pour SINGA qui précise notre engagement dans les années à venir. En tant qu’organisation qui accompagne les projets entrepreneuriaux des nouveaux arrivants, qui cherche à mieux conseiller les entreprises sur leurs obligations ESG, à les mettre au défi d’aller encore plus loin que leurs obligations de base, et qui développe un véhicule d’investissement d’impact, nous avons la responsabilité de savoir exactement où nous en sommes sur des sujets qui seront clés pour nous responsabiliser tous : 

Nos objectifs dans les années à venir sont les suivants : 

  • former nos salariés et nos porteurs du projet sur le climat et sur les modèles économiques régénératifs ;
  • assurer que les entreprises accompagnées par SINGA réalisent une analyse du cycle de vie et une mesure de leur empreinte carbone ;
  • garantir que les entreprises et associations issues de nos programmes d’entrepreneuriat forment, ensemble, un écosystème valorisé à 1 milliard de bénéficiaires (Objectifs de développement durable). 

Notre responsabilité est aussi de repousser nos propres limites et notre imagination pour éviter de stagner sur des critères dépassés. Nous devons toujours pousser la barre en nous tenant d’abord responsables afin d’avoir la confiance nécessaire pour tenir les autres responsables. 

Selon toi, qu’est-ce qui marquerait le succès de la COP 27 cette année ? 

Assurer la justice climatique. Certains des pays les plus pauvres au monde, qui ont le moins contribué à la crise climatique, subissent des pertes et des dommages massifs en raison des impacts climatiques. Ils doivent maintenant payer pour une crise dont ils ne sont pas responsables…

Prenons l’exemple du Pakistan, qui a subi cet été des sécheresses, puis des pluies de mousson sans précédent, entraînant le déplacement de 50 millions de personnes. Pourtant, le Pakistan a contribué à moins de 1 % des émissions mondiales de carbone, alors que l’Allemagne, dont la population représente environ 37 % de celle du Pakistan, émet 2,17 % du CO2. 

Nous pouvons également citer les catastrophes climatiques que nous observons en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Sud-Soudan… ces pays tomberont dans un endettement extrême pour faire face à ces catastrophes si les pays développés ne se serrent pas les coudes pour les aider. 

Cette COP 27 pourrait être l’occasion pour les pays développés de prendre leurs responsabilités, d’exprimer des valeurs communes face aux défis mondiaux que nous partageons, et d’aider les nations en difficulté qui subissent le fardeau de cette crise avec une approche pair-à-pair et pas condescendante… Si nous pouvons mettre en place un mécanisme de financement équitable des “pertes et dommages”, imaginez le message puissant que cela pourrait représenter et le précédent que cela créerait dans notre engagement commun.

Maëlle Mezaber
Communication France